- Ecrit par la classe 4C3 en Art et Société - Publié le 20 juillet 2021
TIMELESS ?
De la perception du temps dans les différentes cultures
Timeless? De la perception du temps dans les différentes culturesLa perception du temps est un concept malléable. Ce concept change selon le temps et les cultures. Dans le monde actuel, se distinguent deux cultures majeures en rapport au temps : les cultures poly-chroniques et les cultures mono-chroniques. Les premières ont donc une perception du temps qui diffère fortement des secondes. Ces différences peuvent engendrer des gouffres culturels qui possiblement amènent à des conflits. Voici un exemple ‘classique’ pour illustrer ces propos : Imaginons qu’une personne de culture monochronique demande à une personne de culture polychronique d’arriver à une certaine heure. La seconde personne va sans doute arriver après l’heure fixée. Ceci peut paraître impoli pour la personne de culture monochronique, alors que ce retard peut se trouver dans les règles de politesse de la personne culturellement polychronique. Cela peut logiquement amener à des discordances d’origine culturelle. Pour mieux comprendreQu’entendons-nous par culture polychronique et culture monochronique ? Ces néologismes ont été introduits par l’anthropologue américain Edward T. Hall dans son ouvrage « The Silent language » en 1959 pour explorer le contexte interculturel de la communication humaine. Polychronique ou polychrone, du grec ancien, est composé de poly:‘plusieurs’ et de chronos: ‘temps’. De la même manière, on retrouve la composante monos: ‘seul, unique’ dans monochronique ou monochrone.Une culture polychronique est alors une culture qui perçoit le temps de manière circulaire. Ici, le temps n’a ni début ni fin et tout est un éternel recommencement. Cela ne veut pas dire que les mêmes choses se produisent encore et encore, mais que les mêmes tendances, les mêmes énergies, les mêmes cycles reviennent tout le temps. Par conséquent, le temps est perçu comme quelque chose de flexible et de malléable et non comme un élément concret : il s’adapte aux situations des gens. Les événements et les actions sont considérés plus importants que le moment précis ou l’ordre séquentiel pour les faire. L’accent est mis sur la coopération et l’adaptabilité. Ainsi, le concept d’échéance s’avère assez flou. Il n’est d’ailleurs pas inhabituel que les gens issus de cultures polychroniques s’engagent dans plusieurs événements, situations ou relations en même temps. En bref, les cultures polychroniques nous rappellent que le temps n’est ni perdu ni gagné. Ce sont les pays latins comme l’Espagne, le Portugal, le Brésil ou le Venezuela ou encore les pays orientaux, c’est-à-dire le monde arabe, et les pays africains qu’on peut compter parmi ces cultures.En revanche, la conception du temps dans les cultures monochroniques est fort dissemblable. Dans les cultures monochroniques, le temps est un concept bien plus concret, défini, mesuré, compté. Le temps est alors une chose cruciale. Il est planifié et compartimenté, chaque minute est précieuse et les journées sont planifiées bien souvent jusque dans les derniers détails. Les gens ont l’habitude dese dédier à une chose à la foi, et le plus important dans tout cela, c’est ce qui en résulte. Éviter de perdre le temps – ou mieux ne pas en perdre du tout – est d’une grande importance. C’est pour cela que ces gens ont des horaires fixes et des journées planifiées qu’ils respectent.
Inutile alors de mentionner que la ponctualité et le fait de respecter les horaires sont indispensables. Les retards ne sont pas les seuls choses mal envisagés ; l’interruption des rendez-vous est très mal vu aussi et considérée comme un comportement irrespectueux. Les gens dans les cultures monochroniques sont vus en quelque sorte comme des personnes fiables et sérieuses. Dans une grande partie des cultures monochroniques, les relations sociales sont vues comme des priorités secondaires, ce qui veut dire que le travail et la carrière sont souvent mis avant la vie personnelle et sociale. Contrairement aux cultures polychroniques, les cultures monochroniques fonctionnent selon un schéma linéaire : une cause entraîne un effet et il y a une distinction nette entre le passé, le présent et le futur. Ainsi, on ne cesse de répéter aux enfants que chacune de leur action affecte leur futur. Ce genre de culture se voit souvent dans les pays scandinaves, tels qu e la Suède, la Finlande et la Norvège, mais aussi par exemple au Japon, en Allemagne et aux USA. Une question de langage ? L ́architecture de notre langage influe et définit notre manière de percevoir le temps. Pour donner un exemple : la langue française conjugue les verbes et y installe des distinctions très nettes entre le passé, le présent et le futur. A l’opposé, le mandarin ne conjugue pas les verbes pour indiquer le temps. Cette fonction est reprise par des marqueurs temporels. L’action même est exprimée de la même façon au passé qu’au futur qu’au présent. Cette langue ne créée donc pas d’opposition nette entre les temps. E lle a été construite sur une vision cyclique du temps, en accord avec une perception polychronique du temps. D’ailleurs, il semble que lors de la rencontre au 19e siècle avec l’Occident et la pensée européenne, le terme « temps » semble avoir particulièrement causé des difficultés à traduire. Il fallait s’inspirer de la langue japonaise pour en arriver au néologisme shijianqui veut dire « entre moment ».Exemples de cultures monochroniques et polychroniquesAmérique du NordLes nord-américains sont plutôt tournés vers l’avenir, c’est-à-dire qu’ils se concentrent sur le futur très proche. Cette perspective leur permet de commencer de nouveaux projets qui s’étendent sur plusieurs années, comme des projets pour protéger la planète. Pour les Américains du Nord, le temps est comme une route, chaque individu a yant sa propre route. Ces routes sont divisées en différents segments qui ne peuvent pas être changés. On peut s’imaginer ces segments comme le choix du métier ou le choix de l‘université. Alors, toute personne peut choisir son chemin individuellement.Les journées scolaires sont divisées en périodes strictes et chaque période a un sujet précis. Le sujet ainsi que la longueur de la période ne peuvent pas être modifiés, même si l’enseignant ou les élèves n’ont plus rien à faire.La ponctualité joue également un très grand rôle dans la culture nord-américaine. On attend que les gens arrivent environ cinq à dix minutes plus tôt à leur rendez-vous. A partir de trente minutes de retard, le retardataire se doit de présenter une excuse élaborée. En somme, on peut dire que la perception du temps en Amérique du Nord est très similaire à la nôtre dans le s pays de l’Europe du Nord.
Moyen-Orient La plupart des cultures du Moyen-Orient sont des cultures très anciennes. Après tout, le Moyen-Orient est le berceau de notre civilisation. L’histoire de ces peuples est alors à la base de la plupart de leurs actions contemporaines. Les familles et même les gouvernements du Moyen-Orient prennent des décisions en respectant fortement l’ histoire. Les cultures du Moyen-Orient ne voient pas le déroulement des journées avec un œil si stricte. On modifie ses activités facilement si l’activité prend plus ou moins de temps que prévu. La vie est organisée plutôt au rythme du travail que selon un calendrier strict. Et tout comme dans les pays d’Amérique latine, les retards sont à l’ordre du jour. Culture asiatique/japonaise :Dans la plupart des cultures d’Asie de l’Est, et surtout au Japon, la ponctualité est une chose très importante. Arriver toujours à l’heure fait partie de la vie quotidienne normale, cela inclut le travail, mais aussi la vie sociale. Il est très mal vu de ne pas arriver à l’heure, car la ponctualité est associée au respect. Cette association du respect au temps provient des influences religieuses sur lesquelles repose la culture japonaise. Un exemple de ponctualité par excellence sont les transports publics au Japon, où les trains sont programmés quasi à la seconde près et où le retard moyen du Shinkansen(train à grande vitesse) est de moins d’une minute. L’efficacité aussi est une chose importante dans la culture japonaise. On y parvient en structurant le temps dont on dispose sur une journée. Le temps est précieux, mais ce qui l’est encore plus, c’est la façon dont on le dépense, et il est donc considéré comme mauvais de perdre son temps et de ne rien faire de productif. L’infrastructure et les établissements d’enseignement montrent cette productivité.Valeurs culturelles, malentendus et quelques mots de précautionLe temps est donc relatif et non seulement en loi physique. La notion de temps diffère d’une culture à une autre. Le Japon et la Suisse sont des exemples de nations connues pour être très ponctuelles. Ils accordent une grande importance au temps. La Suisse a d’ailleurs une renommée mondiale de construction de montres et d’horloges. Au Japon, la politesse est maître et la ponctualité un des aspects de la politesse.D’autres pays comme l’Italie, l’Espagne ou le Cap-Vert semblent avoir d’autres valeurs temporaires que nous qualifierons peut-être comme « savoir vivre ». Au Cap Vert, il est de coutume de dire : « Cabo Ver de, no stress ». Dans les pays arabes, on est encore moins stressé par le temps. On ne peut jamais vraiment être sûr d’un rendez-vous jusqu’à ce qu’il commence, car annuler un rendez-vous à la dernière minute n’est pas perçu comme unproblème.On ne peut pas dire qu’un système soit meilleur ou pire. Chaque culture a sa propre logiqueet cela ne pose pas de problème en soi. Néanmoins, dans un monde globalisé, rapproché par des technologies nouvelles et hautement interconnecté, comprendre le contexte culturel de l’autre, ses valeurs, ses traditions et habitudes n’est pas un luxe mais une nécessité. Un malentendu est vite arrivé. Comprendre la notion culturelle du temps de l’autre peut éviter l’agacement inutile quand un Cap-Verdien et un Japonais se donnent rendez-vous.
Mais attention, gardons l’ouverture d’esprit, évitons de voir le monde en noir et blanc et de réduire à un cliché ces concepts de la perception du temps. Au sein de chaque culture, les gens ne vivent pas forcément d’une manière purement monochronique ou polychronique ; et dans la vie de tout homme et de toute femme, il peut y avoir des périodes ou des événements qui vont se caractériser par telle ou telle perception du temps. En conclusion, comprendre les perceptions du temps différentes de la nôtre nous paraît un pas nécessaire pour que le monde puisse se dresser d’un bloc face aux défis que lance le futur aux générations actuelles.