Lycée Ermesinde

Lycée public autonome à plein temps

StÀerkte viru SchwÀchten

Lycée Ermesinde

Lycée public autonome à plein temps

TIMELESS ?

TIMELESS ?

De la perception du temps dans les différentes cultures


Timeless? De la perception du temps dans les diffĂ©rentes culturesLa perception du temps est un concept mallĂ©able. Ce concept change selon le temps et les cultures. Dans le monde actuel, se distinguent deux cultures majeures en rapport au temps : les cultures poly-chroniques et les cultures mono-chroniques. Les premiĂšres ont donc une perception du temps qui diffĂšre fortement des secondes. Ces diffĂ©rences peuvent engendrer des gouffres culturels qui possiblement amĂšnent Ă  des conflits. Voici un exemple ‘classique’ pour illustrer ces propos : Imaginons qu’une personne de culture monochronique demande Ă  une personne de culture polychronique d’arriver Ă  une certaine heure. La seconde personne va sans doute arriver aprĂšs l’heure fixĂ©e. Ceci peut paraĂźtre impoli pour la personne de culture monochronique, alors que ce retard peut se trouver dans les rĂšgles de politesse de la personne culturellement polychronique. Cela peut logiquement amener Ă  des discordances d’origine culturelle. Pour mieux comprendreQu’entendons-nous par culture polychronique et culture monochronique ? Ces nĂ©ologismes ont Ă©tĂ© introduits par l’anthropologue amĂ©ricain Edward T. Hall dans son ouvrage « The Silent language » en 1959 pour explorer le contexte interculturel de la communication humaine. Polychronique ou polychrone, du grec ancien, est composĂ© de poly:‘plusieurs’ et de chronos: ‘temps’. De la mĂȘme maniĂšre, on retrouve la composante monos: ‘seul, unique’ dans monochronique ou monochrone.Une culture polychronique est alors une culture qui perçoit le temps de maniĂšre circulaire. Ici, le temps n’a ni dĂ©but ni fin et tout est un Ă©ternel recommencement. Cela ne veut pas dire que les mĂȘmes choses se produisent encore et encore, mais que les mĂȘmes tendances, les mĂȘmes Ă©nergies, les mĂȘmes cycles reviennent tout le temps. Par consĂ©quent, le temps est perçu comme quelque chose de flexible et de mallĂ©able et non comme un Ă©lĂ©ment concret : il s’adapte aux situations des gens. Les Ă©vĂ©nements et les actions sont considĂ©rĂ©s plus importants que le moment prĂ©cis ou l’ordre sĂ©quentiel pour les faire. L’accent est mis sur la coopĂ©ration et l’adaptabilitĂ©. Ainsi, le concept d’échĂ©ance s’avĂšre assez flou. Il n’est d’ailleurs pas inhabituel que les gens issus de cultures polychroniques s’engagent dans plusieurs Ă©vĂ©nements, situations ou relations en mĂȘme temps. En bref, les cultures polychroniques nous rappellent que le temps n’est ni perdu ni gagnĂ©. Ce sont les pays latins comme l’Espagne, le Portugal, le BrĂ©sil ou le Venezuela ou encore les pays orientaux, c’est-Ă -dire le monde arabe, et les pays africains qu’on peut compter parmi ces cultures.En revanche, la conception du temps dans les cultures monochroniques est fort dissemblable. Dans les cultures monochroniques, le temps est un concept bien plus concret, dĂ©fini, mesurĂ©, comptĂ©. Le temps est alors une chose cruciale. Il est planifiĂ© et compartimentĂ©, chaque minute est prĂ©cieuse et les journĂ©es sont planifiĂ©es bien souvent jusque dans les derniers dĂ©tails. Les gens ont l’habitude dese dĂ©dier Ă  une chose Ă  la foi, et le plus important dans tout cela, c’est ce qui en rĂ©sulte. Éviter de perdre le temps – ou mieux ne pas en perdre du tout – est d’une grande importance. C’est pour cela que ces gens ont des horaires fixes et des journĂ©es planifiĂ©es qu’ils respectent.


Inutile alors de mentionner que la ponctualitĂ© et le fait de respecter les horaires sont indispensables. Les retards ne sont pas les seuls choses mal envisagĂ©s ; l’interruption des rendez-vous est trĂšs mal vu aussi et considĂ©rĂ©e comme un comportement irrespectueux. Les gens dans les cultures monochroniques sont vus en quelque sorte comme des personnes fiables et sĂ©rieuses. Dans une grande partie des cultures monochroniques, les relations sociales sont vues comme des prioritĂ©s secondaires, ce qui veut dire que le travail et la carriĂšre sont souvent mis avant la vie personnelle et sociale. Contrairement aux cultures polychroniques, les cultures monochroniques fonctionnent selon un schĂ©ma linĂ©aire : une cause entraĂźne un effet et il y a une distinction nette entre le passĂ©, le prĂ©sent et le futur. Ainsi, on ne cesse de rĂ©pĂ©ter aux enfants que chacune de leur action affecte leur futur. Ce genre de culture se voit souvent dans les pays scandinaves, tels qu e la SuĂšde, la Finlande et la NorvĂšge, mais aussi par exemple au Japon, en Allemagne et aux USA. Une question de langage ? L ́architecture de notre langage influe et dĂ©finit notre maniĂšre de percevoir le temps. Pour donner un exemple : la langue française conjugue les verbes et y installe des distinctions trĂšs nettes entre le passĂ©, le prĂ©sent et le futur. A l’opposĂ©, le mandarin ne conjugue pas les verbes pour indiquer le temps. Cette fonction est reprise par des marqueurs temporels. L’action mĂȘme est exprimĂ©e de la mĂȘme façon au passĂ© qu’au futur qu’au prĂ©sent. Cette langue ne créée donc pas d’opposition nette entre les temps. E lle a Ă©tĂ© construite sur une vision cyclique du temps, en accord avec une perception polychronique du temps. D’ailleurs, il semble que lors de la rencontre au 19e siĂšcle avec l’Occident et la pensĂ©e europĂ©enne, le terme « temps » semble avoir particuliĂšrement causĂ© des difficultĂ©s Ă  traduire. Il fallait s’inspirer de la langue japonaise pour en arriver au nĂ©ologisme shijianqui veut dire « entre moment ».Exemples de cultures monochroniques et polychroniquesAmĂ©rique du NordLes nord-amĂ©ricains sont plutĂŽt tournĂ©s vers l’avenir, c’est-Ă -dire qu’ils se concentrent sur le futur trĂšs proche. Cette perspective leur permet de commencer de nouveaux projets qui s’étendent sur plusieurs annĂ©es, comme des projets pour protĂ©ger la planĂšte. Pour les AmĂ©ricains du Nord, le temps est comme une route, chaque individu a yant sa propre route. Ces routes sont divisĂ©es en diffĂ©rents segments qui ne peuvent pas ĂȘtre changĂ©s. On peut s’imaginer ces segments comme le choix du mĂ©tier ou le choix de l‘universitĂ©. Alors, toute personne peut choisir son chemin individuellement.Les journĂ©es scolaires sont divisĂ©es en pĂ©riodes strictes et chaque pĂ©riode a un sujet prĂ©cis. Le sujet ainsi que la longueur de la pĂ©riode ne peuvent pas ĂȘtre modifiĂ©s, mĂȘme si l’enseignant ou les Ă©lĂšves n’ont plus rien Ă  faire.La ponctualitĂ© joue Ă©galement un trĂšs grand rĂŽle dans la culture nord-amĂ©ricaine. On attend que les gens arrivent environ cinq Ă  dix minutes plus tĂŽt Ă  leur rendez-vous. A partir de trente minutes de retard, le retardataire se doit de prĂ©senter une excuse Ă©laborĂ©e. En somme, on peut dire que la perception du temps en AmĂ©rique du Nord est trĂšs similaire Ă  la nĂŽtre dans le s pays de l’Europe du Nord.


Moyen-Orient La plupart des cultures du Moyen-Orient sont des cultures trĂšs anciennes. AprĂšs tout, le Moyen-Orient est le berceau de notre civilisation. L’histoire de ces peuples est alors Ă  la base de la plupart de leurs actions contemporaines. Les familles et mĂȘme les gouvernements du Moyen-Orient prennent des dĂ©cisions en respectant fortement l’ histoire. Les cultures du Moyen-Orient ne voient pas le dĂ©roulement des journĂ©es avec un Ɠil si stricte. On modifie ses activitĂ©s facilement si l’activitĂ© prend plus ou moins de temps que prĂ©vu. La vie est organisĂ©e plutĂŽt au rythme du travail que selon un calendrier strict. Et tout comme dans les pays d’AmĂ©rique latine, les retards sont Ă  l’ordre du jour. Culture asiatique/japonaise :Dans la plupart des cultures d’Asie de l’Est, et surtout au Japon, la ponctualitĂ© est une chose trĂšs importante. Arriver toujours Ă  l’heure fait partie de la vie quotidienne normale, cela inclut le travail, mais aussi la vie sociale. Il est trĂšs mal vu de ne pas arriver Ă  l’heure, car la ponctualitĂ© est associĂ©e au respect. Cette association du respect au temps provient des influences religieuses sur lesquelles repose la culture japonaise. Un exemple de ponctualitĂ© par excellence sont les transports publics au Japon, oĂč les trains sont programmĂ©s quasi Ă  la seconde prĂšs et oĂč le retard moyen du Shinkansen(train Ă  grande vitesse) est de moins d’une minute. L’efficacitĂ© aussi est une chose importante dans la culture japonaise. On y parvient en structurant le temps dont on dispose sur une journĂ©e. Le temps est prĂ©cieux, mais ce qui l’est encore plus, c’est la façon dont on le dĂ©pense, et il est donc considĂ©rĂ© comme mauvais de perdre son temps et de ne rien faire de productif. L’infrastructure et les Ă©tablissements d’enseignement montrent cette productivitĂ©.Valeurs culturelles, malentendus et quelques mots de prĂ©cautionLe temps est donc relatif et non seulement en loi physique. La notion de temps diffĂšre d’une culture Ă  une autre. Le Japon et la Suisse sont des exemples de nations connues pour ĂȘtre trĂšs ponctuelles. Ils accordent une grande importance au temps. La Suisse a d’ailleurs une renommĂ©e mondiale de construction de montres et d’horloges. Au Japon, la politesse est maĂźtre et la ponctualitĂ© un des aspects de la politesse.D’autres pays comme l’Italie, l’Espagne ou le Cap-Vert semblent avoir d’autres valeurs temporaires que nous qualifierons peut-ĂȘtre comme « savoir vivre ». Au Cap Vert, il est de coutume de dire : « Cabo Ver de, no stress ». Dans les pays arabes, on est encore moins stressĂ© par le temps. On ne peut jamais vraiment ĂȘtre sĂ»r d’un rendez-vous jusqu’à ce qu’il commence, car annuler un rendez-vous Ă  la derniĂšre minute n’est pas perçu comme unproblĂšme.On ne peut pas dire qu’un systĂšme soit meilleur ou pire. Chaque culture a sa propre logiqueet cela ne pose pas de problĂšme en soi. NĂ©anmoins, dans un monde globalisĂ©, rapprochĂ© par des technologies nouvelles et hautement interconnectĂ©, comprendre le contexte culturel de l’autre, ses valeurs, ses traditions et habitudes n’est pas un luxe mais une nĂ©cessitĂ©. Un malentendu est vite arrivĂ©. Comprendre la notion culturelle du temps de l’autre peut Ă©viter l’agacement inutile quand un Cap-Verdien et un Japonais se donnent rendez-vous.

Mais attention, gardons l’ouverture d’esprit, Ă©vitons de voir le monde en noir et blanc et de rĂ©duire Ă  un clichĂ© ces concepts de la perception du temps. Au sein de chaque culture, les gens ne vivent pas forcĂ©ment d’une maniĂšre purement monochronique ou polychronique ; et dans la vie de tout homme et de toute femme, il peut y avoir des pĂ©riodes ou des Ă©vĂ©nements qui vont se caractĂ©riser par telle ou telle perception du temps. En conclusion, comprendre les perceptions du temps diffĂ©rentes de la nĂŽtre nous paraĂźt un pas nĂ©cessaire pour que le monde puisse se dresser d’un bloc face aux dĂ©fis que lance le futur aux gĂ©nĂ©rations actuelles.