Il y a deux façons certaines de ne pas ĂȘtre dans le contenu : les programmes et les mĂ©thodes. Dans les Ă©coles communes, la rĂ©ussite de lâĂ©lĂšve se mesure Ă sa capacitĂ© dâassimiler des programmes prescrits. On lui demande de donner des rĂ©ponses prescrites Ă des questions prescrites. Tout est connu dâavance. On est dâoffice dans lâartifice. Pourquoi rĂ©pondre Ă lâautre alors que celui-ci ne veut entendre que la rĂ©ponse quâil connaĂźt dĂ©jĂ et qui est celle quâil a annoncĂ©e et prĂ©sentĂ©e en long et en large, alors quâil ne sâagit mĂȘme pas de sa propre rĂ©ponse, mais de celle prescrite par le programme. Le manque de motivation, le manque de performance et lâindiscipline sont les suites logiques de cette maniĂšre de procĂ©der. Câest le dĂ©sintĂ©rĂȘt qui rĂ©pond au dĂ©sintĂ©rĂȘt. La meilleure maniĂšre de ne pas sortir de ce cercle vicieux consiste Ă chercher Ă sauver la mise en se tournant vers les mĂ©thodes. Comment ruser pour que lâĂ©lĂšve ne sâaperçoive pas de la supercherie ? Toutes sortes de mĂ©thodes didactiques et pĂ©dagogiques ont Ă©tĂ© inventĂ©es ces derniĂšres annĂ©es et diffusĂ©es parmi les enseignants, destinĂ©es Ă discipliner les Ă©lĂšves en les occupant. Car câest bien dâoccupation quâil sâagit, de consommation et de soumission, et non pas dâengagement, de production et dâĂ©change. Il nây a rien de plus Ă©phĂ©mĂšre, de plus dĂ©cevant et de plus inutile, quâune relation Ă sens unique.
Le lycĂ©e Ermesinde prĂ©tend ĂȘtre dans le contenu, dĂšs lâentretien dâadmission, dans lâintĂ©rĂȘt et dans la demande. Nous nous intĂ©ressons Ă ce que lâĂ©lĂšve prĂ©tend vouloir et pouvoir apporter. DĂšs lors, un rĂ©seau de savoirs, de connexions et dâaspirations est constituĂ©, dans les classes, dans les Ă©tudes, dans les maisons, dans les entreprises et dans toutes sortes dâassociations et de structures, momentanĂ©es ou permanentes, ayant toutes vocation de faire avancer les choses, de rĂ©aliser et de produire dans un but bien prĂ©cis, se distinguant par son utilitĂ©, son originalitĂ© et son authenticitĂ©. Les Ă©lĂšves en sont dans le contenu, chacun dans le sien, mais au vu des autres et pour les autres. Câest Ă cette condition seulement que le travail peut avancer, dans lâintĂ©rĂȘt de lâĂ©lĂšve et dans lâintĂ©rĂȘt de tous. Câest aussi Ă cette condition seulement que le travail peut nourrir la diversitĂ© et sâen nourrir.