Comme l’« orientation » et les « compétences », la « recherche » est devenue un terme commun dans le jargon de l’éducation. Il y a quelques années, ce terme était surtout réservé aux chercheurs scientifiques, cloîtrés dans leurs laboratoires, universitaires ou privés, appliqués à déchiffrer la vie et l’univers et à développer de nouveaux produits ou de nouvelles théories. On distinguait tout au plus la recherche fondamentale et la recherche appliquée, mais le terme de recherche ne dépassait guère les sciences naturelles et les sciences théoriques.
Aujourd’hui, pour trouver l’horaire d’un bus, on fait une recherche sur internet. Dans les écoles, les élèves se rendent à la bibliothèque pour faire des recherches en groupe. Le développement de l’informatique y est sans doute pour quelque chose dans la vulgarisation du terme, mais aussi dans son appauvrissement. S’il est évidemment légitime de l’appliquer à toutes les sciences et à tous les arts, il est abusif de l’utiliser pour donner à des actions ponctuelles une importance qu’elles ne méritent pas.
Pour faire bref, ces actions de recherche sont très souvent incroyablement banales et superficielles. Mais il y a pire. La généralisation et l’exaltation de l’informatique ont aussi contribué à une individualisation et une désocialisation des actions d’investigation qu’on peut attendre d’une classe par exemple. Plus la ruée vers les ordinateurs est immédiate, plus les résultats sont piteux.
Au lycée Ermesinde, dans les branches interdisciplinaires, il est essentiel de bien cerner collectivement les questions qui se posent, d’organiser ensemble l’enquête, de bien définir les missions des élèves engagés, mais aussi et surtout de commencer par mettre sur table les connaissances, les expériences et les positions présentes. Tout commence par l’échange, par l’écoute, par la mise en commun, par l’état des lieux, par l’organisation du savoir collectif. Réaliser à quel point l’échange, la concertation et la collaboration sont les véritables moteurs de la recherche est une expérience cruciale. Ne laissons ni l’informatique ni quelque méthode pédagogique que ce soit nous détourner des ressources humaines que nous constituons, avec nos amis et nos relations. La recherche en devient infiniment plus excitante et plus efficace.