Non, tout le monde nâa ni le talent ni lâenvie dâaller Ă lâuniversitĂ©. Les dispositions des jeunes gens sont heureusement infiniment plus variĂ©es. Elles lâont toujours Ă©tĂ© et elles le seront toujours. Tel lâa toujours voulu la nature humaine et tel lâa toujours voulu lâĂ©conomie. Tel le veut toujours la nature humaine, mais tel ne le veut plus lâĂ©conomie, apparemment. La dĂ©localisation, la tertiarisation et la technologisation ont portĂ© un vilain coup aux secteurs de lâagriculture, de lâindustrie et de lâartisanat. LâĂ©conomie ? La mondialisation a certainement une part dâinĂ©vitable, mais la politique et la sociĂ©tĂ© ne sont Ă©videmment pas si impuissantes et innocentes que cela. Face Ă la diversitĂ© naturelle des talents humains, la hiĂ©rarchisation des mĂ©tiers et des formations et la monoculture scolaire et professionnelle sont des scandales.
Le lycĂ©e Ermesinde est structurĂ© de maniĂšre Ă garantir lâorientation la plus large et la plus honnĂȘte possible. Dans cette dĂ©marche, ce nâest pas lâĂ©conomie qui constitue la plus grande rĂ©sistance. Le marchĂ© du travail moderne nâest pas si dĂ©sespĂ©rant que cela. Des productions ont Ă©tĂ© relocalisĂ©es. Les marchĂ©s locaux refleurissent. Lâentrepreneuriat est revigorĂ©. Par ailleurs, tous les diplĂŽmes universitaires ne tiennent pas toujours toutes les promesses que les jeunes gens et leurs parents y associent.
Au lycĂ©e Ermesinde, le tutorat et les maisons permettent dans une certaine mesure de contrer les prĂ©jugĂ©s et dâempĂȘcher lâorientation nĂ©gative par exclusion telle quâelle est malheureusement largement rĂ©pandue. Il est vrai que, en raison notamment de sa taille humaine quâil a voulu prĂ©server, le lycĂ©e Ermesinde se limite au-delĂ du cycle infĂ©rieur Ă la prĂ©paration aux Ă©tudes universitaires. Tout est fait cependant pour ne pas enfermer les futurs Ă©tudiants trop tĂŽt dans une bulle acadĂ©mique. Une part importante du personnel nâintervient pas dans un seul rĂ©gime ni dans une seule branche et assure le tutorat dâĂ©lĂšves dâĂąges et de rĂ©gimes diffĂ©rents, afin de garder une vue large sur les talents et sur les voies professionnelles. Dans les entreprises, le mĂ©lange dâĂąge et de rĂ©gimes est inhĂ©rent et passe presque inaperçu, mais nâen pas moins essentiel. Dans les branches interdisciplinaires, les questions Ă©conomiques, sociologiques et Ă©cologiques sont au cĆur des rĂ©flexions dĂšs la septiĂšme. Tout cela est hĂ©las insuffisant pour libĂ©rer lâorientation de tous les aprioris prĂ©judiciables. Il faut espĂ©rer que lâopinion publique et la politique finiront par donner meilleur crĂ©dit Ă tous les talents et Ă voir dans la diversitĂ© des vocations et des emplois une utilitĂ© et une nĂ©cessitĂ© Ă©conomiques, sociales et humaines.