Depuis dix-sept ans, de nombreux visiteurs ont passé quelques jours au lycée Ermesinde pour un stage, une candidature, par intérêt, par curiosité. Nous avons coutume de leur donner rendez-vous à la fin de leur séjour pour entendre leurs impressions. Il est marquant de constater que les observations relevées lors de ces rendez-vous étaient et sont pratiquement toujours les mêmes : la participation, la maturité, le bon accueil et la bonne entente. Toutes ces qualités se laissent peut-être résumer par le terme de discipline, au sens moderne et au sens classique du mot, disciplina, qui signifie en premier lieu, selon Gaffiot, « action d’apprendre, de chercher l’instruction ». Il faut croire en effet, puisque les visiteurs s’en étonnent assez pour le relever toujours, que la discipline, c’est-à-dire l’action d’apprendre ces qualités culturelles et relationnelles, ces bonnes manières en quelque sorte, ne va pas de soi et que la vie au lycée Ermesinde contribue grandement à l’installer.
Nombreuses sont les raisons qu’on pourrait mettre en avant pour expliquer ce phénomène. Je voudrais en relever deux : la proximité et la différence.
Le lycée Ermesinde est organisé en maisons et en entreprises. Ce sont de petites structures où les élèves et le personnel se côtoient en nombre restreint. Tout le monde a ses appartenances : les enseignants ont leur maison, les spécialistes ont leur entreprise et les élèves ont leur maison et leur entreprise (éventuellement deux). Dans ces deux structures, on mise sur l’échange, notamment par le biais des engagements et des productions.
Dans les maisons, les cours vivent de la différence des élèves, de la différence de leurs projets personnels, de leurs talents, de leurs intérêts, de leurs histoires. Dans les branches interdisciplinaires, toutes les recherches commencent et se nourissent par les connaissances et expériences variées des élèves. Les élèves et les adultes apprennent à connaître et à réaliser l’incroyable diversité de tout ordre qui existe parmi nous, à l’apprécier, s’en féliciter et à s’en enrichir. Cela marche d’autant mieux au fur et à mesure que les élèves apprennent ainsi à se connaître et à se respecter. Les relations sociales sont aidées par ces habitudes et un climat d’amitié et de sécurité peut s’installer.
Quant aux entreprises, elles rassemblent des élèves de différents âges, unis par des intérêts communs, mais à des stades de perfectionnement différents. Devant les tâches à accomplir dans l’entreprise, devant les délais à respecter, devant la relève à assurer, il y a des nécessités qui s’installent, celles de l’échange, de la concertation, de la transmission. La différence d’âge fait bien les choses, par des exemples à suivre, par des responsabilités, par toute une auto-régulation qui ne laisse guère de place à … l’indiscipline.
Il y a lieu de penser que le lycée Ermesinde montre bien que la discipline, plutôt que d’être une histoire de règles, de lois et de programmes, est une histoire de diversité, de relations et de contenus. #le mot du directeur